Marche à Londres

30 juin 2006

Big old house (dimanche 25 juin 2006)


Ca y est, j'ai trouvé. Grâce à Internet. Le site http://www.ici-londres offre tout ce qu'il faut pour votre bonheur. Le mien en tous les cas.

J'y avais trouvé une annonce en anglais. C'était bon signe bien que cela ne voulait encore rien dire. Mais au téléphone cela se confirmait, c'était bien un Anglais qui avait rédigé l'annonce. Il avait un drôle d'accent, j'avais du mal, mais j'avais compris qu'il m'attendait ce dimanche pour la rencontre.
En effet, dans le quartier Hampstead, à cinq minutes de la station Finchley road, dans une rue aux arbres majestueux, je découvre la vieille et grande bâtisse dont il parlait dans son annonce.
Elle ressemble à une sorte de maison de maître (voire manoir) comme on peut en découvrir dans certains quartiers bourgeois de Bruxelles.
Noel Sugrue, qui est irlandais, m'accueille à l'extérieur. En entrant je comprends très vite que cela n'a rien à voir avec l'auberge pourrie du début. La maison est répartie sur trois étages avec huit appartements en tout. Les pièces principales ont été transformées en chambres, et en calculant rapidement j'en déduis qu'il y a maximum vingt occupants.
Calme, tapis partout, espace dans la cage d'escalier, la lumière est présente, bon signe.
Mais en arrivant à l'étage proprement dit et en rentrant dans la chambre, je comprends que cela va me plaire. Trente mètres carrés pour ma chambre, un lit « king size », deux fauteuils, un bureau en face de la fenêtre qui donne sur les arbres centenaires, je ne devrais pas manquer de place.
La cuisine est bien équipée, avec une machine à laver en prime. Quant à la salle de bain, une vraie baignoire y trône fièrement pour mon grand bonheur (ah, souvenirs! le bain du dimanche après ma journée scoute, quel délice!). Ce n'est pas le grand modernisme, mais peu importe. La condition sine qua non concernait Internet à disposition et c'est le cas.
J'ai donc plus d'espace et d'équipement pour moins cher: 100 £ (et 3 £ d'électricité) par semaine.
Fallait-il encore que les deux autres colocataires conviennent. Noel me fait rencontrer Tim, un Anglais de vingt-neuf ans avec qui le courant passe tout de suite. Nous parvenons en moins d'une heure à aborder les thèmes du Sud des USA qu'il connaît par un voyage en Alabbama, de la restauration où il a fait un stage chez Lafitte en France, des études d'osthéopathie qu'il a entreprises, et cerise sur le gâteau, du système social sous l'ère Tatcher. Tout cela dans un anglais dont je comprends une bonne part. Sa connaissance du français aide aussi puisqu'il a séjourné trois mois en France. Très pédagogue, il trouve un autre mot si ça coince, ou alors il traduit. En plus le plaisir de parler de sujets variés en anglais avec un gars plus ou moins de mon âge, ça me plait. Sans compter qu'il a la tv dans sa chambre (hé, hé).
Le troisième larron est plus discret, plus jeune aussi (vingt-deux ans) mais très correct.
Finalement, ce que je perdrai en intimité, je le gagnerai en convivialité. Et certainement en apprentissage de l'anglais; si je parle une heure avec Tim comme on l'a fait, c'est dans la poche.
L'Irlandais rentre six semaines sur son île et laisse donc son immense chambre à disposition. Le pied, l'affaire est conclue autour d'une tasse de café, je suis content.

Fin d'après midi, je m'en vais à Hyde Park pour suivre les concerts du festival organisé par Oxygène, ou plutôt O2. La tête d'affiche est annoncée vers 20h30, et je ne voulais rater sous aucun prétexte Dépêche Mode, même à l'extérieur de l'enceinte du concert. En y entend pas mal du tout, même si c'est beaucoup plus compliqué pour apercevoir la scène. Mais je n'allais pas acheter un billet de 40 £, ou pire, tenter l'achat en rue. Merci, j'ai déjà donné à New York*.
Vers 10 heures, un peu avant la fin du concert pour éviter la foule dans les métros, je quitte heureux la grande plaine avec la musique que j'aime dans les oreilles.
En rentrant, j'allume la tv et je tombe vers minuit sur la retransmission du concert de DM en lèger décalage. Je peux donc « assister » à la fin dans mon lit. Quel gros pacha, je fais, tout de même!
*Reportez-vous sur http://www.20six.fr/joelafayette et retrouvez le message contant cette aventure intitulé "Musée et spectacles" ( 02.12.05) dans la rubrique Voyage.

28 juin 2006

British museum (samedi 24 juin 2006)




Ce samedi nous avons programmé une visite du British Museum avec les amis louisianais.
Après une bonne heure dans la partie égyptienne, la journée estivale n'a pu faire autrement que de nous attirer vers une terrasse de pub ensoleillée, où nous avons passé la suite de l'après-midi.

Mais la nouvelle importante c'est le coup de fil de l'hôtel Baglioni. Le responsable de la salle voulait me rencontrer. Pourtant, j'ai décliné l'offre. J'ai refusé la place.
Je sais, ça peut paraître étonnant.
En mettant les avantages et les inconvénients dans la balance, puis mes objectifs, franchement, je ne vois pas ce que j'allais véritablement retirer de ce poste.
Car les avantages du boulot actuel sont là néanmoins. Il faut bien le reconnaître, avoir un horaire de quarante heures par semaine dans la restauration, c'est un cadeau. Et je crois même que je pourrais réduire cela encore, vu le rythme que j'acquiers (il est vrai que la productivité du travailleur belge est reconnue Outre-Manche). J'aurais gagné un peu plus en travaillant plus, c'est vrai, mais je n'appelle pas vraiment cela une opportunité.
Puis comme le disait la ressource manager, travailler chez Gavroche ouvre toutes les portes du milieu horeca (hôtel-restaurant-café) dans le monde. Soyons clair, je n'ai aucune ambition dans ce secteur. Mais tant qu'à faire une expérience, autant qu'elle le soit dans un lieu renommé.
Surtout, ce qui m'a vraiment décidé, c'est qu'au bout du fil, Umberto avait un accent trop italien. Alors si c'est pour se retrouver dans un milieu latin comme je le craignais lors de la première entrevue, autant poursuivre dans le restaurant, où j'ai le repas à midi, les glaces à quatre heures (oui, on a continué à vider les pots, il ne faut pas rire quand même), et la fin de ma journée à cinq, ce qui me laisse largement le temps d'écrire le soir, ce qui était impossible avec l'autre horaire.
Finalement, je ne suis pas prêt de crever de faim et rien ne sert de se précipiter. Je cherche un milieu professionnel anglophone, je le trouverai.

Par la même occasion (c'était ma journée), j'ai refusé la chambre dans la maison.
Vu que le budget n'allait pas de suite évoluer, cette chambre devenait trop grande et trop chère. Le goût du luxe, c'est plaisant quand on en a les moyens. J'attendrai donc encore.
Il faut dire que le fait de me retrouver avec trois jeunes Français renforçait à nouveau l'impression du ghetto francophone; ce n'est pas l'idéal pour la pratique de la langue de Shaekespeare. Je ne cache pas non plus que j'avais un peu l'impression de payer les vacances de la bourgeoise juriste en louant cet endroit. C'est le jeu, c'est vrai, mais tant qu'à faire... il faut parfois pouvoir patienter.
Chercher de meilleures opportunités.

D'ailleurs, ça bouge...

27 juin 2006

Friends (jeudi 22 juin 2006)


Et à nouveau je reçois de la visite de Louisiane. Ca n'arrête pas. C'est un peu normal, en fait. La petite communauté francophone du sud des USA vit très proche pendant quelques mois. Forcément, les amitiés se nouent plus rapidement aussi.
C'était donc au tour d'Olivier et Marie-Laure de venir faire un mini-trip à Londres.
Ils ont un joli plan pour la Louisiane: une première année voyager, une deuxième année amasser.
Une voiture pourrie mais qui roule, une petite barraque (agréable, au demeurant) dans un quartier moyen, le minimum de dépenses, et bingo, ils se mettent le magot dans la poche. C'est beau les objectifs de la francophonie! Il faut dire qu'ils sont lucides face à leur situation de prof. de langue étrangère; ce n'est pas moi qui vais les blâmer.
Pour l'instant, ils sont installés dans le quartier Bayswater, près de Notting Hill, dans une auberge chère pour ce qu'ils ont. Mais bon, ça devient habituel, je ne vous apprends rien d'étonnant.

Nous nous retrouvons donc à une terrasse d'un pub donnant sur un square, près de leur auberge, pour échanger nos dernières aventures et imbroglios.
Il fait bon, je suis en tee-shirt, mais eux portent pull et gilet. Il faut dire qu'ils reviennent du Mexique, et je peux comprendre le choc thermique.
D'emblée, Olivier veut m'offrir à boire. Il s'en mord les doigts rapidement car la bière est particulièrement chère ici. Environ 9 £ pour trois pintes, ce n'est pas donné. D'autant que cela s'ajoute aux dix pounds de leur première commande. En fait, une erreur de la part du serveur qui a confondu un billet de cinq avec celui de dix... (allez protester ensuite pour dire qu'il s'est trompé, vous serez bien reçus)!
Pour leur faire avaler la pinte, je leur raconte une autre histoire de serveur, au restaurant étoilé.

Ce midi, pas mal de couverts une fois de plus.
Certains ont du mal à tenir cette pression.
Un serveur (appelons le George), pas très doué au demeurant, parlant entre ses dents, peu souriant, se met à s'énerver sur un autre serveur. La très grosse mauvaise idée, c'est qu'il le fait en salle, quasi devant les clients.
Un maître d'hôtel débarque puis les prend de suite tous les deux pour les diriger vers un petit coin où se trouve une enregistreuse de commandes, à l'écart. Il lui fait la morale, mais rien à faire, George ne veut rien entendre, continue de râler.
Deuxième étape, un autre maître d'hôtel plus excédé l'envoie en cuisine pour lui refaire la morale.
Le Duce débarque et, étonnamment, se limite à l'engueuler en lui demandant d'écouter le maître d'hôtel. Ils s'en vont, tout le monde croit que c'est terminé, les cuisiniers sont légèrement hilares (il faudra que je vous parle de la rivalité entre la cuisine et la salle un de ces jours), mais voilà que schtroumpf grognon revient, continue de bougonner, marmonner, s'énerver...
Un troisième maître d'hôtel arrive: un bon gars, pas grand, qui fait bien son boulot, plutôt du genre « faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux ». Il n'a pas du tout envie de discuter, il est ... furieux, dirons-nous.
George ne comprend pas que les gens en ont marre et il se prend ... une gifle.
Abasourdi, il rentre dans le rang...

Je suis étonné non seulement par cette violence mais aussi par l'acceptation de la faute professionnelle qu'a commise ce serveur.
Bien que la pression soit énorme sur le personnel, quand un serveur s'énerve devant le client , cela correspond à une gifle, alors qu'il aurait mérité d'être viré. Je ne cherche pas à comprendre.
Par contre, il y a un type dans la rue qui essaie de le faire. Il s'arrête à notre table en nous regardant avec des yeux brillants de l'intelligence d'un hippopotame (vous avez déjà vu le regard d'un hippopotame?).
Bourré et sans doute peu futé, notre illuminé prend nos verres vides et s'en va à l'intérieur du pub.
On comprend qu'il est temps d'aller manger.

25 juin 2006

Interview (mercredi 21 juin 2006)

Le poisson a mordu. Hier, mon téléphone mobile a sonné pour fixer une entrevue à l'hôtel 5 étoiles.
Et aujourd'hui, j'ai eu cet entretien avec la resource manager, juste après ma journée de labeur.
L'hôtel se situe en face de Kensington Gardens, et dès l'entrée je comprends que l'ouvrier de VW ne viendra pas passer un week-end ici. Deux grands gars habillés de noir m'ouvrent la porte, puis le marbre, les petits jets d'eau, des fauteuils recouverts de velours plantent le décor; avant d'arriver à la réception, le prolétaire a le temps de rebrousser chemin.
Moi, par contre, je suis attendu et j'atteins le comptoir.
La réceptionniste, souriante, me demande si elle peut m'aider. Un peu, que tu peux, ma fille!
On me fait patienter quelques instants dans les fauteuils feutrés du hall, histoire de prévenir la responsable.
Elle sort de son bureau, complet tailleur, une certaine classe, et m'amène au club très select de l'hôtel, à l'étage inférieur. Après avoir commandé deux verres d'eau, dans l'ambiance tamisée de ce bar, elle commence à me poser des questions sur mon cv.
Lorsqu'elle prend la parole, elle est honnête. Elle me prévient que j'ai peu d'expérience dans le secteur et que je dois encore pratiquer mon anglais pour espérer obtenir une place de réceptionniste, d'autant que dans son hôtel, le service en anglais doit bien sûr être irréprochable.
Par contre, elle me parle de la chance de travailler dans un restaurant deux étoiles. Faire six ou neuf mois dans un restaurant comme Le Gavroche ouvre pour ainsi dire toutes les portes de l'hôtellerie ou de la restauration, car la famille Roux est connu dans le monde entier du secteur du tourisme.
Elle apprécie aussi ma volonté d'obtenir de meilleures conditions et reconnaît que Le Gavroche ne paie pas très bien.
Mon CV lui plaît malgré tout et elle me propose une place de serveur, avec possibilité de devenir demi chef de rang puis chef de rang.
Je travaillerais le midi et le soir, mais je rate son explication sur les jours de congé.
Je comprends par contre que je toucherais 875£/mois et des pourboires pour 300£/mois environ.
Cependant, elle doit en parler à son équipe et me promet de rappeler vendredi.
Je sors de là satisfait, mais je repère malgré tout un problème: l'hôtel appartient à une chaîne internationale... Le Baglioni Hôtel est ... italien!

J'enchaîne les rencontres et je vais visiter une maison dans le quartier de Fulham Broadway, que je partagerais avec trois Français déjà installés.
La fille qui me fait visiter part cinq semaines en vacances et voudrait louer sa chambre. Elle me demande de me faire passer pour un ami de la famille car les jeunes Français ne veulent pas d'étranger. Pourtant elle est passée outre en plaçant une annonce sur le Net, ce qui m'a permis de la contacter. Soit, je me laisse faire, me voilà le fils d'un ami de sa mère.
La petite maison est très agréable, dans un quartier résidentiel calme. Une glycine vous accueille dans le petit jardinet avant et la maison est manifestement propre et nette (peut-être remis à neuf il n'y a pas longtemps).
Elle me fait monter au deuxième étage où la chambre est petite mais très propre. Je disposerais en plus d'une salle de bain. En redescendant, j'aperçois la petite cuisine mais surtout le séjour de style anglais qui est grand et très lumineux car le soleil rentre par le jardin arrière. Arboré et large, il donne envie d'y lire un bouquin ou de recevoir des amis autour du barbecue placé à cet effet.
La fille, qui vient d'Angers et qui a fait des études de droit bien qu'elle travaille pour l'instant dans un magasin à temps partiel, me pose encore pas mal de questions, inquiète autant que les garçons de devoir laisser sa chambre à un inconnu.
Elle me raccompagne à la station de métro la plus proche et je lui certifie que je la recontacterai samedi puisque ma décision dépend de la réponse pour le nouveau job.
C'est qu'à 145 £ la semaine, il s'agit de gagner un peu plus que ce que j'ai aujourd'hui.
Cette somme est une grosse épine, puis, ... une autre chose me retient...

24 juin 2006

From Tufnell to Kensington (lundi 19 juin 2006)


Déjà pas mal d'événements ont eu lieu en si peu de temps. Quinze jours déjà! En roulant les boulettes de beurre, j'ai le temps de réfléchir (en français malheureusement) sur mon sort.

Je sais que ça peut paraître dévalorisant ce que je fais au regard du travail antérieur, mieux considéré socialement (quoique...). Je suis conscient que j'attends plus qu'un petit boulot.
Mais je ne le vois pas comme ça. Je n'ai aucun mépris pour ce que je réalise, même si, sans prétention, je m'attends à plus. Finalement, je « recule » pour mieux sauter et m'en satisfait pour l'instant.
Mais il faut voir l'objectif de départ: passer du temps à Londres et parler anglais.
Pour la première partie c'est largement réussi et tout indique que je ne m'étais pas trompé. Cette ville me plaît réellement. La vie qui s'y déroule, les quartiers, le bus ou le métro, même le temps (qui est particulièrement clément pour l'instant) ne me fait regretter à aucun moment ce choix.
Le week end, je passe du temps à me balader ou à visiter, ce dont je raffole.
Pour parler anglais, c'est un peu moins évident car au travail les occasions de converser sont assez rares. Après dix jours, le vocabulaire est relativement restreint et j'ai fait le tour de la question.
Je discute bien de temps à autre avec l'un ou l'autre cuisinier bien sympa, David, Sam ou un autre. Mais nous ne sommes pas partis dans de larges discussions sur l'économie anglaise, la place de la Turquie en Europe ou même les candidats à la victoire à Wimbledon. Par contre, je peux lire le magazine gratuit Metro, j'écoute les annonces du Tube, je regarde la TV et écoute BBC radio. C'est certainement mieux et plus que ce que je pouvais avoir dans une autre partie du monde anglophone que j'ai côtoyée.
Il est donc nécessaire de trouver un travail plus en rapport avec mes qualifications, sans aucun doute.
Mais je ne vais pas me brader non plus. J'ai donc commencé à arpenter les rues de Londres afin de distribuer des CV dans les hôtels et les théâtres. On ne sait jamais.
Les hôtels permettent plus de possibilités que les restaurants. D'ailleurs, j'ai rencontré une GRH (ressource manager, il y en a dans les hôtels) toute souriante, qui m'a demandé de compléter un formulaire. Cela ne l'engage pas à grand chose bien sûr. La réception d'un autre hôtel cinq étoiles m'a demandé la même chose.
Quant aux théâtres, je devine qu'on ne gagne pas des sommes folles mais peu importe, si le travail permet de parler plus anglais, je suis preneur.

En attendant, je continue avec grand plaisir d'écrire. Car c'est aussi un autre point positif. Cette expérience me donne de la matière pour l'écriture. En restant dans ma petite vie pépère d'instituteur, je n'aurais pas pris le temps d'analyser et de m'amuser à décrire ce qui m'entoure.
Et ma vie au restaurant est certainement une bonne soure d'inspiration pour l'instant.
D'ailleurs, j'ai aussi quelques avantages dans mon travail actuel.

23 juin 2006

Da Vinci Code (dimanche 18 juin 2006)


Tiens, ce dimanche, alors que j'ai fini de lire le livre, je décide d'aller au cinéma, voir DVC, histoire de me faire mon opinion sur les critiques bien sévères.
Je vais dans un cinéma Cineworld, à midi. Deux raisons très valables expliquent cette heure matinale: la place est moins chère et je ne suis accompagné que de quatre autres spectateurs. Je peux assister à une véritable projection privée. Je remarque que c'est un ancien cinéma totalement réaménagé qui appartient à un grand complexe... Kinépolis. Bon, pas grave, ça ne sent pas le pop corn.
Comme j'ai du temps après la projection, je tourne dans le quartier, nommé Chelsea, pour faire quelques clichés de ce coin que je connais moins. Manifestement, c'est beau, calme, aéré, ça me convient bien... Il faudra que je revienne, je pourrais peut-être trouver quelque chose d'intéressant. Enfin, selon ma bourse, ça va être dur, mais on ne sait jamais.
En fait de photos, le film m'a donné aussi l'envie d'en faire afin de suivre les traces de Langdon et Sophie Neveu, tel un pélerinage pour découvrir Westminster, Temple church, etc..
Ah oui, le film... dites, je ne vais pas transformer mon blog en critiques cinéma, quand même?

21 juin 2006

Queen Elisabeth (samedi 17 juin 2006)

Ah, le con! Je suis à Londres, je prépare mon cv, je pense à placer les textes sur mon blog ce matin et ... j'oublie les festivités pour l'anniversaire de la reine, pour ses quatre-vingt ans en prime. Il y avait moyen de faire de superbes photos, de voir 49 avions de la Royal Air Force, de saluer Elisabeth II ou de la voir au balcon, d'admirer les Guardians, de participer en tant que spectateurs aux Trooping Colors, ...
Mais non, pendant ce temps, je fais des photocopies du cv dans mon quartier. MERDE!
Et évidemment, avec la coupe du monde qui prend le temps d'antenne principal, moi, je n'écoute même plus les informations.
Là, je râle. C'est décidé, demain, infos BBC obligatoires, lecture de TOUS les articles du Metro, ... bon sang, je ne laisserai pas passer une autre occasion!!
Vite, le Net, les expositions, les festivités, les célébrations, les ...

Pour me changer les idées, j'ai acheté (dans un Virgin store) le cd des Primal Scream, Riot City blues, dont la chanson « Country Girl »* m'avait déjà bien plu sur la BBC quand j'étais en Louisiane (merci le Net).
Tiens, justement, c'est ma journée musicale, puisque dans l'après-midi, pendant que je distribuais l'un ou l'autre cv dans les hôtels, je remarque un concert à Hyde Park. Le groupe ne m'intéresse pas mais voir la foule et l'organisation me tente beaucoup plus car dans cinq jours, plusieurs concerts auront lieu au même endroit, pour la fête de la musique ou je ne sais quoi. Je ne compte pas les rater ceux-là, même en dehors de l'enceinte payante.
Je suis donc revenu le soir vers la fin du concert et me suis retrouvé à contre-courant de la foule. Ouah! j'étais comme un saumon remontant (difficilement) le fleuve vers sa source qui l'a vu naître.
Je repère les entrées, les poubelles, les chiottes (ben oui, on ne sait jamais...), les indications pour les transports, ... c'est là que j'apprends par un des gars de l'organisation, bien sympa, souriant, affublé de sa chasuble jaune fluo, que je venais de rater les footfighters (place à 35£, gloups!).
Comme c'est dommage (vous sentez le regret dans la voix??).
Par contre, dans quelques jours, il y aura ...

(*Écoutez-la ici:
http://www.myspace.com/weareprimalscream )

20 juin 2006

Ice cream flavor (jeudi 15 juin 2006)


Le « chef » est sévère, pourtant il faut reconnaître qu'il sait lâcher la pression, avoir un mot sympa, un mot d'humour. Heureusement! Car aujourd'hui, c'était le sommet.

L'un des petits bonheurs de la journée, c'est lorsque les glaces faites maison par le pâtissier, (comme les petits pains) reviennent en cuisine. Il reste au fond des pots un peu de glace, fondue à moitié, goût vanille, pistache, chocolat blanc, sorbet fruit de la passion, fraise, poire ou pomme. C'est le petit break vers quatre heures, quand les serveurs, le plongeur, peuvent finir les pots.
Mais voilà, aujourd'hui, ils reviennent plus tard, à cinq heures. C'est la fin de la journée, mais je reste pour accompagner les compagnons d'infortune.
« The Godfather » débarque, nous fusille du regard, nous intime l'ordre de remettre les glaces au pâtissier, qui doit récupérer cette glace fondue pour les glaces du soir... Et il ajoute en français avec son accent d'italien « Vous êtes des profiteurs »... Gonflé, le mec! Alors que le chef, cinq minutes avant nous voyait avec nos petites tasses pour vider la glace.
D'autant que c'était une journée à quatre-vingt couverts, le genre de journée où vous perdez la notion du temps: aucune interruption, pas d'arrêt pipi, pas un moment pour aller boire un verre d'eau.
C'est la première fois que j'entends qu'il faut récupérer les glaces.

Le pompon, c'est quand j'ai appris que seuls les maîtres d'hôtel touchaient les pourboires; rien pour les serveurs, qui sont à peine mieux payés que les roomers à 200 £ la semaine, une misère déjà. Ils se foutent du monde. Quand je pense que je toucherai ce que certains dépensent en un midi dans ce restaurant... l'organisme de placement s'est bien foutu de ma balle aussi. Je ne leur avais pas demandé un job étudiant. J'ai donné un cv, l'ont-ils regardé?
Non, là, c'est trop!

Aucun regret par rapport à La Louisiane car cela reste tellement nouveau et passionnant de découvrir de nouvelles expériences. (et pas besoin de prendre des substances illicites pour ça: un peu de courage et d'imagination suffisent).
Par contre, ce week-end, je cherche un nouveau job. Inutile de traîner dans une ambiance agressive pareille, si peu humaine, pour trois balles. Ciao le « Gavroche »!

19 juin 2006

Cellar?! (mercredi 14 juin 2006)


Ann est partie hier. Elle a eu son entretien pour une petite école française, section maternelle. Soixante-cinq enfants s'y épanouissent (!) dans un environnement culturel francophone.
Nous sommes allés voir le quartier avant l'interview, histoire de repérer l'école.
Après d'âpres recherches dans le quartier Hammersmith, nous l'avons découverte... sous une église. Précisément dans les caves d'une église. Non, ce n'est pas Da Vinci Code qui me tape sur le système, ce n'est que la triste réalité.
Les bambins de maternelle à l'école Le Hérisson ont cours dans les bas-fonds d'une église.
Ce n'est pas le fait que ce soit sous un édifice religieux qui m'intrigue, mais que ce soit SOUS un bâtiment qui m'interpelle.
D'autant qu'après la visite des locaux, elle était assez stupéfaite par l'espace particulièrement réduit des classes. Quant à l'espace de la cour (peut-on d'ailleurs appeler cela une cour?), il est limité à sa plus simple expression, une courette juste derrière le choeur, rempli d'échafaudages pour les réparations des vitraux.
Soit le corps enseignant est très bon, soit il manque de places francophones pour les maternelles à Londres. Franchement, il faut être très motivé pour mettre ses enfants là-bas.
Toujours est-il qu'Ann a refusé l'emploi.

Coincidence, moi aussi j'ai travaillé à la cave ce jour-là. Je m'explique.
Le Gavroche a accepté pour cette journée un gros banquet. Le matin, pas de problème, c'est l'horaire habituel, boulettes beurrées, aspirateur, etc. Mais vers midi, le « petit » personnel est de trop. Pas de sous-fifres dans les pieds, il dégage vite fait! Seulement, le responsable des horaires (un maître d'hôtel) a oublié que Bibi est présent, qu'il est payé pendant toutes ces minutes qui tournent. Et l'Italien n'aime pas ça.
Donc, il faut occuper Bibi. Ces joyeux lurons ne trouvent rien de mieux à me faire faire que de ranger la remise, le « kot » à matériel. En trois heures, je suis chargé de « remettre de l'ordre ». Parfait, ils ont fait appel à la bonne personne. « Tu vas travailler dehors », me dit-il... Tu parles!
En fait de kot, c'est une petite cave sous la route de maximum 15 m², dans laquelle l'air d'une chaufferie qui vient de je ne sais où s'engouffre. S'il fait 27°C dehors ce jour-là, il en fait au moins 40°C dans la « mine à charbon ». Parce qu'en plus, la poussière est présente partout. Normal, je ne vois pas qui viendrait faire les poussières dans ce coin pendant ces heures perdues.
Je parviens à apercevoir, malgré la lumière défectueuse (lisez: absente), une partie des assiettes et tasses qui sont rangées et recouvertes d'un plastique, d'autres qui traînent nonchalamment entre un vieil aspirateur, des chaises, des cartons. En avant pour le rangement!
Grand seigneur, Les Thénardier m'accordent même le droit à une bouteille d'eau fraîche.

Et le pire, j'en ris!

18 juin 2006

Underground (mardi 13 juin 2006)






J'aime bien prendre le métro. C'est un petit moment à part dans la journée. Je déconnecte, je suis un anonyme dans la foule. Alors je m'évade. J'ai l'impression de me retrouver dans une fourmillière, d'où grouillent les centaines de fourmis filant le matin à leur lieu de travail ou le soir à leurs pénates.

Je prends aussi le temps d'admirer les publicités aux murs des souterrains. Les affiches pour les spectacles des différents théâtres londoniens invitent à y assister, les posters pour les voyages ou pour la mobilophonie fleurissent un peu partout aussi. Celle que je préfère c'est pour cette eau française, qui me fait bien rire.

Les Anglais savent y faire. On a beau dire qu'il y a des problèmes dans les transports en commun en Angleterre, moi je vois que ça circule et qu'on attend très peu entre chaque métro.
Ils ont la bonne idée en plus de disposer des petites cartes du réseau underground partout dans les stations.
La signalisation est excellente. Un nom et une couleur pour chaque ligne, ils placent en prime sur les quais un panneau indiquant les stations suivantes.
Puis dans chaque rame, vous avez encore droit au plan de votre ligne et les liaisons possibles avec les autres lignes pour chaque station.
Mais c'est pas tout. Pas une seule station n'est désertée par un agent des transports. Ils sont là pour indiquer le chemin, pour ouvrir le portique de sécurité si trop de personnes s'y engouffrent, ils s'occupent des annonces au micro, ... The service!

Il est vrai qu'avec le monde qui l'emprunte, de semaine comme de week-end, il vaut mieux qu'aucun grain de sable ne vienne bloquer la belle mécanique.

17 juin 2006

Gavroche again (Lundi 12 juin 2006)


La deuxième semaine est toujours très dure, comme le sport.
Le stress n'est pas vraiment présent, je n'ai plus cette impression de devoir prouver quelque chose, je n'ai plus l'avenir d'une vingtaine de bambins entre mes mains, juste des tâches à accomplir pour la journée. Sans doute pas le plus excitant des boulots, mais de quoi nourrir son homme en atttendant mieux. Et puis travailler avec une des plus grandes toques du monde, dont le restaurant est classé dans les trente plus importants de la planète, je ne vais pas faire la « fine bouche ».
Même si ce n'est que dix jours à l'essai (payés quand même), on ne s'emballe pas. Pour la suite, ...

Par contre, ce qui m'étonne véritablement, c'est l'ambiance.
Les premiers jours, je me demandais si c'était une semaine particulièrement tendue à cause du monde, parce qu'il fait chaud, parce qu'il y a des nouveaux à qui ils doivent « tout » apprendre, ...
Mais en fait, pas du tout! Le moyen de communication est assez violent. Les injures, (le fucking » a fort la cote, par ici), les critiques, les reproches continuels sur un ton méprisant sont fréquents, surtout de la part du « manager », cet espèce d'Italo mafioso, avec son costard trois épingles, qui débarque dans la cuisine pour vous sortir un « move on, move your ass », du plus bel effet.
Je suis relativement épargné. Je crois que le fait d'être un des plus âgés joue en ma faveur. Je crois aussi que que mon expérience au travail est remarquée, au regard de jeunes étudiants encore aux études. Aucune gloriole pour ma part, disons que ça force un peu le respect. C'est déjà ça. Puis, je sens que le chef Michel Roux m'apprécie. Pour lui aussi, travailler avec un gars plus de sa génération le satisfait, je crois.

Je me vois tout de même contraint de remettre l'un ou l'autre à sa place quand une crise passagère leur vient soudainement.
Les maîtres d'hôtel aiment montrer leur suprématie. De temps à autre, ils vous envoient une phrase assassine. Ils ont un certain plaisir à rabaisser soit les serveurs, soit les « roomers ». Mais ils sont tombés à mauvaise école avec moi.
Dernière en date, la coutellerie. On doit frotter avec un torchon (un essuie, pour les Belges) les divers couverts: fourchettes à quatre dents, à trois dents, grands, petits, moyens, avec inscription gavroche, fourchettes du personnel, et ainsi de suite pour les couteaux et les cuillers.
J'ai la malencontreuse idée de me tromper pour une fourchette et de le placer dans le mauvais compartiment.
« Mais qu'est-ce que tu fous? C'est pas ça, tu vois pas ?? », me lance-t-il d'un ton agressif.
« Non, je vois pas. Je suis là depuis quatre jours, toi depuis quatre mois. Tu le dirais de façon plus aimable, je comprendrais beaucoup mieux. »
« ... »

Il reste le mafioso à mettre au pas. Faut se méfier des malades qui ont tendance à l'autoritarisme. J'en sais quelque chose, je reviens des USA... Mais c'est une autre paire de manches, car la mauvaise foi qui s'ajoute au mépris, doublé de sa position de « Mussolini omnipotent », n'est pas une mince affaire.

Moving (samedi 10-06-06)


J'ai emménagé dans mon flat. C'est fait. Chargé de la valise, du sac et du portable, j'ai dû reprendre le bus 29 (!) pour remonter du quartier Tufnell Park vers Finsbury Park.
Et ce we, hormis quelques courses au supermarché Sainsbury's, à deux pas de l'appartement, c'est repos.
Le changement de température entre la cuisine et la salle climatisée du restaurant vous fait suer des gouttes lors du service. Gênant pour le client d'ailleurs, je dois trouver une seconde pour m'éponger le front avant de retourner au combat. Et puis il faut ajouter les courants d'air habituels du métro londonien couplés à une zone de chaleur sur la capitale. Ces différents paramètres m'ont définitivement enrhumé. Solidement! J'en conclus que mon samedi sera l'occasion de dormir, de me remettre de cette première semaine intense.


Quelques gélules achetées chez le pharmacien après une visite chez le docteur, pour être sûr que ce n'est pas autre chose (grippe aviaire??? On sert du poulet dans le restaurant...) m'ont semblé utile.
J'ai été particulièrement surpris d'ailleurs de voir que le docteur, dans un walk in centre, sorte de clinique publique, est GRATUIT. La médecine à portée de tous, même pour le touriste que je suis,
c'est pas beau ça??
J'ai dû m'inscrire, ça a posé un peu de problème car on doit normalement s'inscrire dans la zone où on habite mais bon, vu le schangements, le docteur n'a pas fait d'histoire.
Les consultations sont rapides, la mienne aussi. Ce n'est pas le lien qui vous unit à votre médecin de famille. Mais enfin, il a fait ce qu'il fallait faire, je ne m'en plains pas. On peut toujours se plaindre, dire qu'il y a deux médecines, deux vitesses, et tout le tralala, moi, je vois que j'ai pu être ausculté par un médecin pour pas un rond. C'est en Belgique, l'état social???
Je devrais donc être remis sur pied rapidement.

D'autant que dimanche, Ann, une amie de Louisiane, vient passer deux jours à Londres pour passer un entretien dans une école française. Tiens, encore quelqu'un qui veut quitter le navire louisianais.
Bon, ce serait bien que je ne sois pas trop un zombie pour l'accueillir!

15 juin 2006

The restaurant « Le Gavroche »(09-06-06)



Vendredi est là, ma première semaine de travail se termine.
Les journées se ressemblent plutôt et se déclinent ainsi:
Vers 9 heures, j'arrive au restaurant. Ma première tâche consiste à découper les plaquettes de beurre de barratte salé en petits dés et de les rouler en boulettes de beurre, avant de les placer par groupes de sept sur des petites coupoles décorées d'un petit gavroche.
Je place aussi les petites portions de beurre doux sur des coupoles en forme de coquillages.
Ce travail prend déjà près d'une heure trente, car ce n'est pas moins de 360 boulettes que je roule le matin et 50 portions de beurre salé à préparer.
Je passe ensuite au nettoyage. L'aspirateur doit être passé dans la salle du bar, en haut, puis je nettoie les escaliers qui descendent vers les toilettes des dames où le velours est majoritaire et continue dans la salle du restaurant. Je ne dois pas oublier les carpettes de la cuisine, que le « chef » aime retrouver net!
Vers 11 h20, je dois encore peaufiner en nettoyant la porte vitrée séparant la salle des cuisines, les murs, un dernier coup de torchon au sol, vérifier que la crème fraîche et le lait sont à leur place, que les citrons sont prêts à être découpés.
Certains imprévus viennent gripper légèrement cette belle mécanique, (chercher des nouvelles assiettes, se confronter à un problème de moteur à l'aspirateur), mais peu importe. Ce sera pris sur votre temps de midi. Il dure environ 20 minutes (quand tout va bien), où le restaurant offre gracieusement à son personnel le couvert. On ne parle pas du menu de la carte, bien sûr.
Trois catégories de repas sont proposés: celui pour les clients, haut de gamme. Celui pour le manager, le chef, le barman principal, toujours dans les plateaux en argent, avec la petite persillade, la présentation. Puis celui du personnel... aujourd'hui, c'était purée, lard et asperges vertes à la crème. C'est bon, c'est tout.
Si vous avez le temps, vous pouvez même engouffrer un petit pain fait maison, avec un morceau de reste de fromages de la veille.
En triple vitesse, vous vous habillez pour le service. Dans mon cas, pantalon noir ou bleu marine, avec le veston vert bouteille, distinctif du « roomer ». Veston blanc pour le serveur, noir pour le maître d'hôtel.
A midi, de toute façon, tous prêts en salle!!
Là, j'ai encore une vingtaine de minutes de répit pour préparer les plateaux aux couleurs de Gavroche, découper le citron, placer le verre d'eau citronné pour le chef, placer les nappes de papier sur certains types d'assiettes.
A partir de midi trente, c'est l'euphorie. Il faut servir les canapés, les amuse-bouches, les entrées, les plats principaux, les desserts, les cafés et l'assiette de pain grillé petits fromages en un peu plus de deux heures, pour une cinquantaine de couverts au minimum (très rare) et quatre-vingts maximum (plus proches de la réalité). Pas question d'amener en retard un des plats. C'est le midi, donc l'heure du lunch. Il ne s'agit pas de faire traîner la clientèle qui doit certainement retourner au travail... avant trois heures... Normalement...
Nous sommes deux nouveaux « roomers », aidés d'un serveur en cuisine (la semaine prochaine, un roomer de moins ...).
Nous devons aussi veiller à mettre la cloche au bon moment, à emporter le bon plat au bon moment, à la bonne table.
Mon travail est en fait le lien entre la cuisine et la salle. Pas serveur, « présentateur » de plats. Je travaille en face de Michel Roux himself, ça c'est quelque chose quand même.
Mais la journée n'est pas finie...
Il reste le nettoyage de la table chauffante sur laquelle un tissu a été placé mais avec du collant, à gratter et à faire disparaître. Frotter les couverts. Et rebelote pour le beurre! Et rebelote pour la crème fraîche et le lait.
Puis, il est cinq heures. Je rentre, suis crevé. Physiquement, pas mentalement. Quoique, ...




14 juin 2006

The life in a pub?? (08-06-06)


Après le boulot aujourd'hui (70 couverts en moins de trois heures, cadence infernale, je suis crevé), je m'en vais recueillir les clés et payer le loyer du flat que j'occuperai dès le vendredi neuf juin.
Le français m'a à la bonne manifestement, il a confiance en moi (il peut) et me remet les clés d'un appart soigné et propre, avec Internet, tv câblé et lecteur dvd, ... Le pied!!

Je fais quelques petits achats dans mon nouveau quartier commerçant, puis je m'en vais rejoindre une dernière fois ma cellule, que je délaisse très vite pour tenter un nouveau bistrot près de Carleton. Le café de façade arrondie se situe à un coin, et dispose d'une terrasse où je m'y installe espérant me connecter à Wifi.
Pas de chance, je dois oublier une fois de plus Internet. Par contre je compte bien avancer dans la suite de mon récit, histoire de ne pas perdre la main et d'éviter du retard. La retraite à l'intérieur s'annonce nécessaire pour écrire, d'autant que si je veux être servi, cela semble primordial.
L'intérieur est « cosy », et sans faire dans le genre huppé, il n'est pas non plus le vieil estaminet de poivrots. Une radio de tubes anglais tourne en continu, avec du Robbie Williams, Tina Turner, Pet shop Boys, ... ça va, je peux écrire.
Alors que je mets la dernière main à mon nouveau post en sirotant la fin de mon coca, je perçois dans une conversation un nombre anormalement élevé de « fucking ».
Le temps de regarder dans cette direction, je vois un « petit » malabar bien musclé envoyer au tapis « son » copain. Mais le bougre ne s'arrête pas là et veut l'assommer définitivement pour la soirée.
Un troisième larron tente de le retenir, mais il faut reconnaître qu'un petit sec, musclé et imbibé se rapproche plus fortement du sanglier ardennais que de l'échassier anglais.
Le tee-shirt du malheureux de la bagarre n'existe déjà plus, la brute n'est pas rassassiée. Je me lève et l'envie me vient d'intervenir. Pas par grand héroïsme français, mais assister en spectateur à un combat violent pareil me gêne, avec un gars au tapis de surcroît.
Seulement, mes 174 centimètres et ma masse musculaire ne font pas le poids. Toutefois, un gars légèrement plus costaud que moi a dû se dire la même chose et se lance dans l'aventure. Bravo, je le suis et empoigne l'autre bras. Là, c'est toute la gent masculine qui s'y met. Sans doute que de voir un gringalet s'y lancer nécessitait des interventions plus adaptées. Et puis y a des dames aussi.
Et il faut bien nous mettre à cinq pour le(s) séparer, ce qui ne signifie en rien que nous avons calmé le fier citoyen anglosaxon. Isolé, il frappe encore une bonne fois sur la table, profère son juron favori deux, trois fois, enfin la bête commence à rentrer dans l'enclos.
L'autre en est bon pour un nez gonflé, une blessure à l'arcade, quelques minutes dans les pommes et un tee-shirt à la poubelle.

Je décide de m'en aller, d'autant que mon esprit chevaleresque m'a complètement fait oublier que j'avais un portable allumé sur la table du pub. Joe, t'es un naïf!! (Heureusement, ça n'a jamais porté à conséquence...) Remis dans son étui, je me tire en rappelant au type de soigner ces blessures, question que je ne lise pas le lendemain dans Metro qu'un gars est mort d'hémorragie interne; et je laisse les Anglais se débrouiller.
Il me faut quelques secondes pour réaliser ce qui s'est passé, car vivre la violence en direct est toujours impressionant.

Je n'étais déjà pas un habitué des bistrots ou des cafés en Belgique ou ailleurs, mais cette expérience ne risque pas de changer la donne.

Pourtant, je suis certain que c'est le lot quotidien de beaucoup de cafés sur les cinq continents (peut-être même là où il est interdit de boire de l'alcool).
Finalement, j'y retournerais peut-être demain.

13 juin 2006

The Manor House (06-06-06)


Ce nom de station sonne vraiment très british.C'est là que je descends de la ligne Piccadilly line (la bleue foncée) pour me retrouver dans le futur quartier possible.
Je connais un peu ce coin puisque je l'avais déjà visité l'année passée. Il y a pas mal de chouettes maisons, c'est vert et animé, cela pourrait me plaire.
Le Français m'avait bien dit de descendre Green lanes en longeant le parc, c'est ce que je fais directement. Je suis déjà au 318 et je dois aller jusqu 'au 355.


J'arrive vers un complexe de grands immeubles ceinturés de verdure, le Rowley Gardens, pour lequel chaque building compte une cinquantaine de numéros. De 1 à 58, de 224 à 272, de 273 à 337, ... mais où est le 355?
Je continue et arrive à une jolie maison portant le ... 356!!!!
Je remonte, je refais un tour, je rentre dans un café pour demander leur numéro. 336, ce n'est pas ça, ce doit être dans le bloc d'habitations.
Après un moment, je me vois contraint d'appeler le propriétaire, grâce au téléphone que j'ai acheté ce week-end, la mort dans l'âme, pour les offres d'emploi et pour chercher un logement. Mon mobile va enfin fonctionner (dites cellphone ou cell aux USA, cellulaire au Québec, portable en France et GSM en Belgique).
Je le préviens que je suis à Rowley Gardens, il me dit qu'il est juste à côté...
Ok, je réessaie... je resonne. Il dit qu'il arrive, que j'ai dû me tromper de côté. Je traverse de l'autre côté de la Green lanes, je lui signale, tout cela en direct, que je passe devant une école; perplexe, il me signale que c'est impossible, que je devaiss quand même être dans le bon sens. Je remonte, on se recontacte, il arrive, on va se croiser.
Deux minutes après, il me resonne, je lui dis que je suis à la station Manor House et que c'est plus simple que j'attende là. En effet. Quiproquos sur quiproquos, cela devenait la maison invisible. Un scénario pour « Green Manor ».
En fait, je devais tout simplement rester le long du parc, car le numéro 355 (et donc impair) était beaucoup plus bas que les nombres pairs, et donc BEAUCOUP plus bas que le bloc Rowley. Pourquoi m'a-t-il dit alors qu'il était à côté??? Mystère?J'étais par contre convaincu d'avoir vu des nombres pairs et impairs du mêmecôté... mea culpa.


Le quartier est assez commerçant, avec un centre commercial et une série de petits magasins.
On arrive enfin au flat. On monte au premier et passé le petit hall, je découvre les trois pièces principales, une chambre-salon, une mini cuisine, une petite salle d'eau (douche et wc).
Il est fort bien équipé, en bon état, même si cela ne vaut pas mon appartement bruxellois. Un évier est dans la chambre, ce n'est pas immense (plus de 30 m²), mais cela me parait Byzance devant ce que j'occupe. D'autant que pour 110 £/sem, au lieu de 80£/sem, je me sens gagnant. J'ai quelques hésitations, à cause de l'évier, le flat est plus loin de la station que ce que je prévoyais, c'est pour cinq semaines, ce qui veut dire que je devrai me remettre à chercher (bien que ça peut être bénéfique), mais l'indépendance que je vais avoir vaut ce prix.
J'accepte, jeudi je passerai payer et dès vendredi, je débarque et j'emménage pour les cinq semaines suivantes.

11 juin 2006

Outplacement (05-06-06)

Aujourd'hui, on ne rigole plus. C'est sérieux! Le jour des entretiens est là. J'ai rendez-vous à 10h30 à English free job, pour préparer les entretiens, tester nos connaissances d'anglais, vérifier le cv, remplir quelques formalités.

Motivé comme pas deux et très professionnel, j'arrive un quart d'eure plus tôt au rendez-vous, histoire de montrer directement que je ne viens pas faire de la figuration.
On me demande d'attendre car trois autres personnes arrivent; ce sera un entretien collectif.
Une jeune française arrive peu après moi, ce qui nous laisse le temps de discuter. Elle est venue pour trois mois, le temps de trouver une expérience en anglais, avant de se refaire engager par sa boîte en septembre pour travailler en Espagne. C'est beau l'Europe.
Un Canadien et une Canadienne complète l'équipe et nous pouvons commencer.

Dans un premier temps, il s'agit de tester nos connaissances linguistiques. L'entretien avec la jeune employée se limite à nous présenter et à donner nos motivations, plus quelques questions, chacun à son tour. Je suis un peu étonné car je m'attendais à quelque chose de plus pointu, qui nous pousse jusqu'au dernier retranchement. Ben non, elle estime que mon niveau se situe à moyen + (presque intermédiaire) et je m'en satisfais.
Ensuite, l'employée nous met en garde sur plusieurs points, la façon de se tenir, de répondre, de travailler, ... manifestement, ils ont l'habitude d'avoir des jeunes qui sortent de l'école car cela me semble d'une banalité évidente. Mais bon!
Pendant que nous remplissons un formulaire, elle va déjà voir si elle peut nous trouver un entretien, en nous rappelant qu'un ordinateur est à disposition pour préparer notre cv.
Une fois imprimé, elle nous dit qu'il est très bien et envoie la française pour un entretien dans une boulangerie, et pour moi, dans un restaurant.
Il se situe à cent mètres de Hyde park, dans la Upper book street, presque à côté de l'ambassade américaine.
Je crois que le travail qu'elle a fait, j'aurais pu le faire avec un plus de sérieux et de professionnalisme. Il est certain qu'elle n'a pas suivi une formation en RH ou en outplacement. Mon CV aurait pu être nul, quelles améliorations elle m'aurait proposé?? Je ne lui conteste pas une volonté d'aider et de vouloir bien faire, mais manifestement, le niveau d'exigence n'est pas élevé.
Ce qui n'est pas le cas du restaurant!

En effet, à 14h30, heure du rendez-vous, je rencontre Sylvano, le patron-manager du restaurant français « Le Gavroche », restaurant deux fois étoilé au Guide Michelin. Le cuisinier est Michel Roux Jr, une des plus grandes toques françaises, fils de Albert Roux qui a monté ce restaurant avec son frère Michel.*Le patron me parle en français et me prévient qu'il engage trois personnes en même temps à l'essai pendant dix jours. Il ne gardera que le meilleur au bout du compte.
Il regarde mon pantalon bleu marine, ma chemise blanche, et cela lui convient.
Il me fixe rendez-vous le lendemain à neuf heures, en signalant qu'Emmanuel, un des maîtres d'hôtel principaux sera là dès 8 heures 30.
Voilà que je n'ai pas à me plaindre, trois jours à Londres et me voilà engagé dans un des plus grands restaurants londoniens.

Maintenant que je sais que je suis engagé en tout cas pour une dizaine de jours, je recherche le soir un pub d'où je pourrai me connecter en wireless, pour chercher un appartement, un flat, un studio, une chambre, mais quelque chose de convenable, de propre et de net.
Je découvre une annonce qui ne m'a pas l'air trop mal, près de Manor House, c.-à-d. à Finsbury park. J'envoie un mail, donne un coup de fil et je pourrai le visiter mardi.
En attendant, fini pour aujourd'hui, car demain, le travail m'attend.
*http://www.michelroux.co.uk/michel_roux.htm

10 juin 2006

Java tonight (04-06-06)


Enfin en possession des clés, la chambre d'un lit que je découvre ajoute un peu plus au désarroi.
Neuf m², dans lesquels ils parviennent à caser un lit, un frigo, un évier, deux étagères. C'est tout, pas de table, pas de chaise.
L'évier est mal fixé, le lit est en fait deux gros matelas l'un sur l'autre, les étagères sont branlantes.
Je serais de mauvaise composition à ne pas mentionner la fenêtre; sans barreaux!
Une cellule dont j'ai la clé, voilà ce qu'ils me refilent.
Ce que je vois là ne m'enchante guère. A Bruxelles on les appelle les marchands de sommeil. J'ai un peu l'impression d'être dans leurs mains. Mais seulement pendant un temps, ça j'en suis sûr.
La connexion Internet par wireless ne fonctionne plus dans ma « single room », je peste encore un peu plus.

Mais cette nuit, c'était la totale. Déjà que je n'ai pas beaucoup de place, mais alors là... le bruit en prime...
Jusqu'à trois heures du mat, les voisins ont célébré mon arrivée! Les portes claquaient à en faire vibrer le lit et les murs.
Il paraît que la musique adoucit les moeurs? Oui, à une certaine heure, à un certain volume, mais lorsque c'est pour tout l'étage aux petites heures de la nuit, ça passe plus mal. Je n'oublie pas de parler aussi des interminables discussions sur le pas de la porte.
Nuit infecte à tous points de vue d'ailleurs, car je me rends compte, en transpiration, au moment où je crois trouver le sommeil, qu'il fait atrocement chaud dans cette chambre. Et pour cause, le chauffage n'avait pas été coupé avant mon arrivée. Bonjour la consommation d'énergie. Ce qui m'amusait encore moins, c'est que le lendemain, après cette nuit de folie, en nage, je me réveille avec un bon mal de gorge.
C'est décidé. Je cherche dès lundi pour partir au plus vite de cette arnaque.

Je profite aussi du dimanche pour bouger et me changer les idées après cette nuit.
Le matin est l'occasion pour moi de faire un tour sur le marché de CamdenTown, sorte de grande halle où la panoplie des gadgets pour gothiques et hard rockers est exposée: cuir, fringues, musique, affiches,... ils peuvent y trouver leur bonheur. Le peuple de l'herbe peut également vénérer son idole Bob Marley. Au milieu des échoppes, une autre faune tente de vendre sa marchandise: les quatre coins de la planète sont représentés à travers les cuisines du monde entier. Et il faut encore y ajouter quelques vendeurs de tapis ou quelques passionnés de vieilles affiches ou de vieilles cartes postales de Londres qui tentent de refiler leur marchandise.
L'après-midi, vu la superbe journée ensoleillée qui attend les Londoniens, je reviens à un programme plus commun pour moi en me baladant dans le Crissold park. Ce parc est situé non loin du quartier d'Arsenal et comme à l'accoutumée, une grande plaine sert de lieu de détente et de bronzage pour les uns, de terrain de football pour les autres jeunes et moins jeunes.
Dans mon cas, ce fut l'occasion de me reposer et de commencer à lire The Da Vinci Code. Et oui, je compte bien aller voir le film ici, en anglais, mais en ayant lu le livre en français avant la séance. De quoi limiter l'incompréhension de l'intrigue.
Au fait, qui a dit qu'il faisait mauvais au Royaume-Uni? Pas un jour de pluie depuis mes voyages à la Capitale anglaise! De bonne augure pour ce qui m'attend le lendemain.

Carleton House (03-06-06)


La maison ressemble à un hôtel de maître constitué de deux parties, reliées entre elles depuis de nombreuses années.
La résidence est en fait une sorte de grande auberge, qui accueille dans ces quarantaines de chambres une centaine de personnes. L'usine! Et manifestement, ils veulent la faire tourner à plein régime, négligeant certains aménagements ou rafraîchissements bien nécessaires.
Salvatore, le « gérant » me donne les clés et me montre la chambre. C'est tout. Le reste je trouverai par moi-même, et de fait je comprends pourquoi: toilettes vétustes sans papier hygiénique, douches peu recommandables, chambres défraîchies,...
Heureusement, les trois colocataires de la chambre, deux français dont l'un qui a fait ses études à Bruxelles en communication et un Vénézuélien, sont sympas.
La chambre est spacieuse mais en ce qui concerne les trois armoires, il est difficile pour moi de recevoir une partie, d'autant que je m'en vais le lendemain.
J'apprends en bavardant que Thibaud a même séjourné avenue du Diamant à Bruxelles, à deux pas de chez moi. Jean-Hugues, l'autre français, est dépité de son expérience, et compte rentrer dès la fin du Mondial. Pour lui, l'affaire s'arrête là. Boulot de merde, horaire de merde, logement de merde, peu de choses ont grâce à ses yeux... sauf la ville. Il me prévient aussi de cacher mon pc, car deux ordinateurss portables « ont disparu » il y a quinze jours.
Quant au Vénézuélien, il cherche depuis de semaines un travail mais son niveau d'anglais est tellement faible, que les portes se ferment à chaque fois. Il faut dire que même le peu d'anglais qu'il baragouine est quasi incompréhensible.

En continuant mon inspection, je tombe sur la cuisine. Enfin, une des trois cuisines. Le four à micro-ondes est hors d'usage, des plaques électriques n'électrisent plus, les ustensiles se réduisent à quelques fourchettes et cuillers (où sont les couteaux?), deux trois vieilles casseroles (qui oseraient encore faire à cuisiner là-dedans?).
Suis-je un gosse de riche? Un enfant gâté? Un vieux? Ou un mordu de la propreté? Aucun de cela je crois, mais j'aspire à quelque chose de convenable tout de même, et manifestement, ce n'est pas ici qu'il faut s'adresser.
C'est gentil de la part de Londonjob mais pour fournir des logements pareils, je ne sais pas si j'ai besoin d'eux.
D'autant que les propriétaires ont l'air d'avoir bien compris le fonctionnement. Il suivent l'adage « si nous remplissons les chambres, nous remplissons nos poches ».
Ils affichent donc en soirée une notice sur plusieurs portes pour annoncer qu'un lit supplémentaire s'ajoutera dans certaines chambres dès la semaine prochaine.
Mon salut pourrait tout de même venir de la chambre simple, que j'occuperai dès samedi.

En attendant, le soir, je retrouve une copine de Louisiane, originaire de l'Indre-et-Loire qui passe dire bonjour à des amis français. Notre rencontre a bien lieu à Piccadilly, on ne se rate pas et on passe une très bonne soirée dans un restaurant japonais, avec le couple français qui vit à Londres depuis trois ans. J'apprends ainsi que la communauté hexagonale comprend près de 500 000 âmes sur Londres.

Le lendemain, je vais visiter le quartier Hammersmith pour une copine qui pourrait y travailler dans une école. De quoi occuper mon attente.
Mais je dois tout de même patienter jusque trois heures de l'après-midi pour prendre possession des clés, alors qu'au départ je pouvais l'obtenir dès midi. Heureusement que j'ai une connexion sur le web assez convenable dans la chambre commune pour surfer et passer le temps avant la découverte.

09 juin 2006

Euro start! (02-06-06)


14h25, fuseau de Greenwich. L'Eurostar rentre en gare de Waterloo-Station. C'est parti!

Depuis le départ de Bruxelles, pendant plus de deux heures en train, j'ai eu le temps de retourner dans tous les sens l'expérience que j'allais tenter à Londres.
Est-il possible, après douze ans dans l'enseignement, de rebondir dans un autre milieu, vivre dans une autre ville, faire une autre carrière??
Londres ne me fait pas peur, que du contraire. Je sais que je me plairai dans une ville qui bouge, qui vit, qui crée. J'aurai le plaisir de me balader dès un rayon de soleil dans les nombreux parcs, dans les ruelles typiques de l'époque victorienne ou dans un musée les jours de pluie. Et puis j'apprendrai encore l'anglais.
Mais je ne peux m'empêcher de réfléchir au travail qui m'attend et au temps qu'il me faudra pour monter l'échelle sociale.
Le défi est de taille mais me semble nécessaire pour rebondir professionnellement. Je savais que je franchirais un jour le pas de quitter l'enseignement, l'envie de connaître d'autres milieux de travail me démangeait depuis mes études universitaires.
Ici, les certitudes que j'ai ne compensent pas la part d'inconnu de l'aventure. Mais c'est le côté passionnant. Je fais une sorte d'Erasmus en décalage, des vacances les mois d'été tout en travaillant. Je pourrai certainement tirer un bilan dans trois mois et voir si l'expérience pourra être prolongée.
Je ne peux tergiverser maintenant, le rendez-vous avec l'organisme Londonjob m'attend.
Avec les transports en commun de Londres qui sont d'une facilité déconcertante grâce aux panneaux indicateurs ou au personnel à disposition ou les couleurs et les noms qui vous empêchent de vous mélanger les pinceaux devant le nombre de lignes, tout vous aide à vous rendre à votre lieu facilement. En un peu moins de vingt minutes, j'arrive devant les locaux de l'agence de placement, essouflé avec ma valise qui pèse une tonne, mon ordinateur personnel et mon petit sac à dos.
Je monte au sixième étage de l'immeuble pour recevoir les instructions: me rendre à mon logement et attendre lundi pour un entretien d'embauche. Chouette! un week end touristique m'attend.
La jeune fille qui me donne ces infos me signale que pour cette nuit, elle n'a plus de chambre « single », mais que dès le lendemain, je pourrai bénéficier d'une chambre pour moi tout seul, comme je l'avais demandé, dans le même immeuble. Il faut dire que si je veux écrire, il s'agit d'avoir un peu de calme et d'intimité.
En sortant des bureaux, une employée me met en garde: « Attention à votre ordinateur là-bas !».
Pour arriver à la demeure, qui se situe dans le quartier de Tufnell Park, près de Islington, j'ai un peu moins de chance pour les transports. Un déraillement bloque la branche de la Northern line que je dois emprunter et je suis bon pour me retrouver avec mon bardas dans le bus 390 qui relie Euston à la rue Carleton. Le bon côté, c'est que je peux déjà admirer le décor qui m'enchante de suite, sans aucune comparaison avec une ville du sud de l'Amérique que je connais un brin. Le temps est doux, et même si ce n'est pas le grand soleil, c'est très respirable.
Le quartier paraît calme. Je perçois à travers les quelques badauds une ambiance populaire. Différentes nationalités se côtoient mais avec respect.
Certaines rues sont constituées de plusieurs maisons typiques du 19e siècle, tandis que d'autres artères sont bordées de buildings ou de complexes immobiliers plus modernes. Juste avant mon logement, les locaux d'une école primaire sont en rénovation.

Lorsque j'arrive à l'entrée de la maison, cela me semble tout à fait correct.
C'est à l'intérieur que certains éléments commencent à me rendre méfiant.