Marche à Londres

17 août 2006

The landlady (mercredi 9 août 2006)

Cette nuit, j'ai passé une nuit blanche, ce qui ne m'était plus arrivé depuis très longtemps. Anoury, une amie de Louisiane, arrivait tard le soir à Heathrow mais repartait très tôt le lendemain matin pour la Louisiane. Inutile de prendre dans ce cas une chambre d'hôtel et encore moins de traîner dans l'aéroport à somnoler sur une partie de banquette. Je suis donc allé la retrouver pour ensuite partir dans le London by night, à marcher dans divers quartiers comme Soho, Piccadilly ou Bayswater, puis repartir vers Oxford Street... En un peu plus de cinq heures, nous avons fameusement marché et bavardé. Cette nuit fut très amusante même avec le sac de voyage qui me poignardait le dos, et qui a lâché dans la dernière ligne droite, la lanière ne supportant plus le poids.
Je sais, ça n'arrête pas les visites, mais c'est comique tout de même de retrouver toutes ces personnes d'un peu partout ici à Londres. Quel carrefour! Rempli de monde, qui se croise, se retrouve, s'arrête, reparte.

Mais il faut quand même être en forme car ce midi je vais découvrir une chambre chez une landlady.
La maison est à deux pas de mon logement actuel, j'en déduis que cela ne doit pas être mal.
En y allant, je ne trouve pas le numéro deux et je dois déchanter: un complexe d'appartements assez modernes, tout en largeur, cachés derrière des arbres me semblent le bon endroit. Zut, j'avais compris autre chose au téléphone. Une personne sort à ce moment de l'un de ces appartements et me rassure. Le deux est en face.
Et là, tout de suite, nous sommes dans une autre dimension. Sans être une maison victorienne, je me retrouve malgré tout face à une jolie demeure du début du 20e (peut-être même fin 19e), entouré sur deux côtés de verdure et sur le troisième je crois deviner un jardin.
Une chambre pour 80£ par semaine, c'est donné là-dedans.
La dame (soixante ans?) m'accueille avec beaucoup de sympathie et me fait le tour du propriétaire. En tout cas du rez-de-chaussée. La salle de bain à partager avec elle (pas en même temps, vieux pervers!) bénéficie d'une lumière généreuse, les autres pièces sont charmantes mais sont occupées par la propriétaire. Nous arrivons alors au jardin, somptueux, qui a souffert de la chaleur mais qui garde un cachet incroyablement anglais et tellement vaste. On entend au loin le trafic de la Finchley road, mais qu'importe, le son est vite oublié devant la quiétude du lieu.
Je me propose comme jardinier, si elle le désire.
Nous passons à la chambre, qui se trouve au rez-de-chaussée aussi.
Les trois pièces (mini cuisine, chambre et pièce d'eau) sont petites et confinées... je m'attendais à autre chose après la vue d'ensemble.
Nous repartons discuter, elle parle d'empathie (en gros, je lui fais bonne impression), mais je comprends que je n'aurai pas accès au jardin et à son domaine. Je remarque soudain un chauffage électrique. Je lui demande s'il existe un chauffage central dans la maison, ce n'est pas le cas. L'été ne nous quitte pas, il ne s'agit tout de même pas d'être naïf, nous sommes en Angleterre.
Elle me prévient qu'un chauffage électrique est à ma disposition, mais je demande à revoir la pièce, car quelque chose me traverse l'esprit.
Dans la pièce faisant office de cuisine, je relève la vitre (vous savez, les fameuses fenêtres guillotine) et constate avec effroi ce que je pensais. Non seulement je suis au nord, mais en plus, la « chambre » donne sur le seul côté qui n'est pas fleuri. Pire, au lieu d'un jardin, une palissade fait office de vis-à-vis. Bérézina, cata!! Le charme est rompu.

Pour une nonne, un prêtre en pélerinage ou un repris de justice, cela pourrait convenir, mais après la vue que je m'offre depuis un mois, je ne peux imaginer m'enfermer dans ces pièces.
Décidément, la semaine des refus se poursuit.